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Le Sacré de Birmanie en Grande-Bretagne

Les premières importations de chats Sacrés de Birmanie vers la Grande-Bretagne n’eurent lieu que dans le courant des années 1960, alors que les premières traces de la race remontent aux années 20. Ces imports relativement tardifs s’expliquent probablement par la première nécessité de faire connaître la race en France avant qu’elle puisse toucher plus largement d’autres pays, ainsi que par la pause dans l’élevage que constitue la Seconde Guerre mondiale. Le faible nombre de sujets encore vivants après le conflit mondial impliquait par ailleurs la nécessité de faire redémarrer la race.

En 1965, Mrs Elsie Fisher, éleveuse britannique de Siamois à l’époque et également connue pour son implication dans le développement de la race Havana Brown, se rend à l’exposition féline de Paris. C’est à cette occasion qu’elle fit connaissance avec le Sacré de Birmanie. Peu après, elle et Mrs Margaret Richards importèrent trois chats, et travaillèrent sous l’affixe commun Paranjoti jusqu’en 1967. Après quoi, Mrs Fisher poursuivit l’élevage sous son affixe d’origine, Praha, tandis que Mrs Richards continua sous le nom de Mei Hua.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elsie Fisher

 

The Governing Council of the Cat Fancy (GCCF), livre d’origine britannique, reconnait la race dès 1966. Le Sacré de Birmanie est depuis devenu très populaire outre-Manche. Le GCCF émet, en moyenne, 2100 pedigrees par an pour la race, depuis 1988.

 

Le premier mâle importé, Nouky de Mon Rêve, seal point, fut aussi le premier Birman présenté en exposition en Angleterre et à devenir champion. Orlamonde de Khlaramour et Osaka de Lugh, deux blue point, furent les premières femelles à atteindre le sol Britannique. À l’époque, les chats à destination du territoire britannique passaient six mois en quarantaine. Pour certains chats, en dépit de la distance avec l'île de Grande-Bretagne, la quarantaine s'est faite à Jersey, une île de la Manche proche de la Normandie mais dépendant de la Couronne britannique. On y trouve d'ailleurs quelques élevages de Sacrés de Birmanie.

Nouky vivait chez Mrs Richards, les femelles chez Mrs Fisher qui continua à les faire reproduire sous son propre affixe après la fin de leur partenariat. Nouky semblait avoir une fourrure abondante et un gabarit plutôt convenable, de bons éperons, mais une remontée importante du blanc des gants avant ainsi qu’une couleur d’yeux pâle. Orlamonde avait, à l’inverse, un gantage régulier, mais ne possédait pas d’éperons. Des trois, Osaka aurait eu la meilleure couleur d’yeux et le meilleur gantage. Cependant, elle était occasionnellement sujette à des crises d’épilepsie et n'avait pas la réputation d'être une mère très attentive.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Orlamonde de Khlaramour et sa portée

 

 

La première portée de Sacrés de Birmanie de Grande-Bretagne nait de Nouky et Orlamonde, en juillet 1966 sous l’affixe Paranjoti. Cette portée ne comptait pas moins de huit chatons, cinq mâles (Hercules, Khmer, Omar, Tristan,  Singh) et trois femelles (Chimea, Isolde, Nefrettiti). Nouky étant porteur de dilution, la portée comportait aussi bien des blue que des seal. Les mâles furent vendus en tant que chats de compagnie, tandis que Mrs Richards garda Isolde qui fut la première Birmane anglaise à avoir elle-même des chatons, Mrs Fisher garda Chimea. Nefrettiti fut vendue à la chatterie Stacpoly, où elle donna naissance à Kharma, femelle seal point qui compta parmi les premiers Sacrés de Birmanie importés en Australie début 1968. Chimea fut cédée par la suite à la chatterie américaine Tai Ming autour de 1972. Quant à Isolde, elle mourut en 1985, à presque vingt ans !

 

Après la naissance de la première portée, il s’agissait d’élargir le pool génétique. La juge Elisabeth Towe, qui n’était cependant pas éleveuse elle-même, importa alors Pipo du Clos Fleuri, mâle seal point français, en 1966. Il finit ses jours auprès de Mrs Joyce Worth et de son mari, chatterie Rojodanco, à la fois juge et éleveuse. Pipo avait quelques lignées communes avec Orlamonde et Osaka (de Madalpour, du Clos Fleuri, des Muses) mais parvint à apporter du sang neuf.

Elsie Fisher importa un autre mâle en 1968, un blue point allemand, Ghandi Von Assindia, avec là encore quelques lignées similaires, mais avec l’addition de Korrigan of Clover Creek (né Korrigan de la Regnardière en 1961, nom utilisé avant son enregistrement à l’étranger), mâle seal français importé aux États-Unis par Gertrude Griswold. Celle-ci élevait sous l’affixe Clover Creek, avant d’opter pour le préfixe Griswold’s.

Suivirent Solomon Von Assindia, mâle seal point né en 1969, importé par Betty Brown, ainsi que Shani de la Vallière, une seal française née la même année, importée cette fois par Enid Holmes.

Un certain Dandy v. Aroldessen, né en 1972, figure parmi ces imports s'étalant de la fin des années 60 au début des années 70, mais est parfois cité comme un chat sans descendance. Son historique Pawpeds nous montre cependant que sa lignée perdure encore aujourd'hui, mais avec un impact moindre comparé à d'autres imports.

 Plusieurs descendants des chats en question ayant reproduit à l'étranger ont vu par la suite leur propre progéniture retourner dans le pays d'origine de leurs ancêtres, ramenant les lignées d'origine mélangées à du sang neuf. En outre, un certain nombre de pedigrees nous permettent de remonter jusqu’à ces premiers imports vers le Royaume-Uni que l’on retrouve à échelle mondiale dans les lignées.

 

Le premier club de race local, The Birman Cat Club fut fondé en 1969, avec Elsie Fisher parmi les membres du bureau. En un an, le club passa de sept membres à une cinquantaine. Il fit ses débuts en exposition en 1979, deux ans après le décès d'Elsie Fisher des suites d'un cancer.

Réputée pour être un personnage haut en couleurs, parfois même un peu excentrique, Elsie Fisher s'est montrée déterminée à promouvoir le Sacré dde Birmanie. Voici l'un de ses témoignages.

 

« Depuis 1966, j'ai fait naître trente champions, grands champions et champions internationaux. C'est à mon sens un sacré exploit, qui ne peut être accompli qu'à travers un élevage sélectif. Ils sont maintenant disséminés à travers le monde, en Australie, de la Nouvelle-Zélande à la Jamaïque, sans parler du Canada et des États-Unis. En Europe, on en trouve en Suède, en Allemagne, en France, en Suisse, au Danemark et, bien sûr, en Angleterre. Je suis très fière de mes adorables Birmans qui sont devenus très populaires là-bas. Je n'en suis pas étonnée puisqu'en plus d'être très beaux, ce sont les animaux les plus intelligents et les plus affectueux qu'il m'ait été donné d'élever, et il n'y a pas meilleur compagnon au monde.

[…] Je crains bien que j'ai une façon très particulière de percevoir les qualités de chaque Birman que je vois. Je vois leurs bons côtés, mais aussi leurs moins bons côtés, et c'est, je crois, comme cela qu'il faut procéder si on souhaite améliorer la race. J'ai été horrifiée à l'idée qu'on puisse croiser des Birmans avec des Balinais et j'espère sincèrement que ça ne se fera pas. Qu'est-ce qu'un éleveur espère accomplir ? Le Birman est une race pure, et je vous prie, éleveurs, de faire en sorte qu'il en soit toujours ainsi. Si vous introduisez du Balinais, tout ce que vous obtiendrez, c'est la longue tête du Siamois que tout le monde veut éviter, ainsi qu'une queue très longue et très fine. Qui veut de cela ? Qui peut me rassurer ? On m'a demandé de les croiser avec des Himalayens (ndlr, Persans colorpoint) et j'ai toujours refusé. Je veux que le Birman reste comme il est, un adorable chat de race pure, très différent des autres. Vous tous éleveurs de Birmans, n'êtes-vous pas d'accord avec moi ?

 

Bonne chance à tous,  Elsie Fisher,  Praha Birmans »


 

De 1978 à 1982, au moins dix chatons Birmans « nus », c'est-à-dire sans poil, ont vu le jour en Angleterre, selon The Journal of Heredity. Le problème fut suffisamment important pour être soulevé par le Birman Cat Club lors de sa réunion annuelle de 1983, durant laquelle il fut recommandé de stériliser tout chat ayant déjà produit des chatons nus, et de ne faire reproduire les chats atteints sous aucun prétexte, si tant est qu'ils aient survécus. Il semble en effet qu'aucun sujet n'ait vécu plus de quatorze semaines. L'une des femelles importées de France serait à l'origine de ce phénomène, désormais très rare.

 

1982 vit la création du Birman Breed Advisory Committee, avec pour principal fonction d'aiguiller le GCCF en matière de modification du standard et de formation des juges. Le Birman Cat Club étant le seul club de l'époque, l'Advisory Committee ne compta que des membres de ce dernier durant plus de dix ans.

The Northern Birman Cat Club fut fondé en 1995, suivi du Seal & Blue point Birman Cat Club en 1999, ainsi que le Southern & South Western Birman Cat Club la même année. Depuis, chaque club a droit à un même nombre de délégués auprès du Committee.

 

 Les couleurs chocolat et lilac auraient été comprises dans les premiers standards du GCCF, pour en être retirées quelques années plus tard, faute de représentants anglais à l’époque. Un des premiers programmes d’introduction de ces couleurs démarre justement en Angleterre, inité par la chatterie Shwechinthe d’Elisabeth Brigliadori en collaboration avec l’élevage Mandessa de Mrs Shirley Wilson-Smith, en 1975. Autour de 1984, le GCCF permit aux nouvelles couleurs (tabby, roux et tortie y compris) de concourir pour les « Merit Certificates », première étape d’une validation qui leur permettra progressivement, au fur et à mesure que leur conformité au standard est établie par les jugements, de concourir auprès de leurs pairs de couleurs classiques, et sortant ainsi du statut « expérimental ». Elles finirent par accéder au championnat à partir de 1994.

Avant cela, l’élevage américain Griswold aurait cependant obtenu des chatons chocolat et lilac avec des lignées ne présentant aucune introduction visible. Mais nous y reviendrons plus tard…

 

 

 

Paloma C.

Toute reproduction interdite

Pour aller plus loin...

The Birman Cat Worldwide, Vivienne Smith

The Birman Cat Club - http://www.birmancatclub.co.uk/index.html

The Northern Birman Cat Club - http://www.northernbirman.co.uk/

The Southern & South Western Birman Cat Club - http://www.sandswbirmancatclub.co.uk/

The Seal & Blue point Birman Cat Club - http://www.birmancatuk.co.uk/

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