The Birman Resource
A History of the Birman Cat in the World

Historique du chocolat et du lilac
C ’est probablement d’Asie qu’est originaire la mutation génétique responsable de la couleur chocolat. Ou, tout du moins, c’est par une race asiatique qu’elle a été le plus souvent introduite au sein d’autres races, à savoir notre bon vieux Siamois. Cette mutation, intervenue sur le gène B, et notée petit b, se transmet sur le mode récessif : les deux parents doivent apporter l’allèle pour que le chocolat s’exprime. Au lieu d’être ronds comme chez le chat noir, les granules de pigment du chocolat sont de forme ovale, réduisant la concentration en mélanine, d’où la modification de l’aspect général. Lorsque les parents apportent en plus tous les deux l’allèle de dilution, le chocolat est alors dilué pour donner du lilac. Ceci explique qu’il n’existe pas de « gène lilac » : le lilac correspond en réalité au résultat de l’action combinée de deux gènes distincts.
Les chats de fondation du Sacré de Birmanie, composés en grande partie de sujets issus de lignées de Siamois, n’en semblaient cependant pas porteurs. En effet, malgré les mariages à consanguinité très rapprochée sur plusieurs générations, ces souches n’ont apparemment produit ni de chatons chocolat, ni de chatons lilac. Afin d’introduire l’allèle b, des programmes d’élevage fondés sur des reproducteurs d’autres races se sont mis en place. Ils se sont principalement appuyés sur des Siamois, des Balinais (Siamois à poil long) ainsi que des Persans (essentiellement colorpoints), eux-mêmes descendants de Siamois introducteurs de l’allèle. De façon un peu amusante, le chocolat et le lilac sont désormais beaucoup plus répandus chez le Sacré de Birmanie qu’ils ne le sont chez le Persan.
Ces races présentaient l’avantage de pouvoir introduire le chocolat sans pour autant avoir à récupérer le colorpoint sur les générations ultérieures. En revanche, le Siamois nécessitait de travailler temporairement avec des chats à poil court, alors que le Sacré de Birmanie est typiquement à poil long. Cette caractéristique est toutefois beaucoup plus facilement - et à plus court terme - récupérable que le gantage propre au Birman… Sans parler du type !
À ceci s’ajoute également, à l’époque, l’absence de tests ADN permettant d’identifier les chats porteurs de l’allèle - une difficulté que les allèles dominants comme le tabby pouvaient évidemment s’épargner, mais pas le chocolat. Aujourd’hui, on pourrait effectuer le mariage d’introduction, garder l’un des chatons - qui aurait été porteur de chocolat d’office en ayant un parent chocolat ou lilac - et marier la descendance à des lignées « pures » tout en testant les chatons pour s’assurer que l’on garde un porteur, et ainsi de suite en remariant avec des lignées classiques : on éviterait ainsi de devoir marier des porteurs entre eux dès les premières générations, ce qui permet de plus facilement évacuer les caractéristiques de la race introductrice.
Mais à l’époque, sans test, les chats des premières générations devaient régulièrement être mariés entre eux afin d’optimiser les chances de conserver le gène. Ceci favorisait également la tendance à répéter des mariages consanguins. Heureusement, certains éleveurs ont eu la présence d’esprit de recourir à deux ou trois chats introducteurs au lieu d’un seul, se donnant un peu plus de marge.
Le premier programme connu, et aussi celui qui a le plus fait souche dans les pedigrees, est celui démarré en 1975 par la chatterie Shwechinthe d’Elizabeth Brigliadori, en Angleterre, avec la participation de Shirley Wilson-Smith sous l’affixe Mandessa. La chatterie est toujours en activité à ce jour, avec l’aide de la fille de Mrs Brigliadori. Trois chats introducteurs ont été utilisés pour ce programme : Dear Dominic, Siamois chocolat point, Mingchiu Manakini, Persan lilac point, Mingchiu Nobbi, Persan chocolat point. Mingchiu Idhunn, père de Nobbi, également chocolat point, a également été marié avec l’une des chattes de Mrs Brigliadori, mais ce sont les autres mariages qui ont constitué les fondations du programme.
Dear Dominic, le Siamois, a d’abord sailli les chattes de Mrs Wilson-Smith, alors que Mrs Brigliadori avait recours aux deux Persans - qui avaient par contre l’inconvénient d’être de proches cousins - grâce aux saillies accordées par leur éleveur et propriétaire, le Dr Harding. Les chatons de Dear Dominic ont ensuite été mariés à ceux issus des Persans, ce qui avait l’avantage de « recréer » le supposé croisement à l’origine de la race.
Les principales difficultés rencontrées par ce programme durant ses premières années furent des yeux clairs, la petite persistance d’une tête étroite siamoisée, des gantages très courts, et, inversement, quelques surprises comme des taches blanches sur le menton (goutte de lait) ainsi qu’au bout de la queue (pompom). Certains chats étaient également de petit gabarit. Au début des années 90, Mrs Brigliadori a estimé que les résultats du programme étaient satisfaisants grâce aux progrès effectués.
Ces lignées se sont rapidement développées, et sont probablement les plus répandues des souches introductrices du chocolat. Dans la seconde moitié des années 80, elles avaient déjà atteint la plupart des pays d’Europe de l’Ouest frontaliers de la France et d’Europe du Nord, ainsi que les USA.
Au Royaume-Uni, ce sont notamment les élevages Rocheros, Maindeless, Viemora et Namrib qui ont prolongé ces lignées. Le GCCF, livre d’origines en vigueur en Grande-Bretagne, ne permet cependant aux chocolat et lilac d’accéder au statut « expérimental » en exposition qu’à partir de 1983. Il faudra attendre 1994 pour voir ces couleurs accéder au championnat.
Parmi les premiers élevages ayant importé ces lignées aux USA, on trouve notamment Patadene et Tarazed, puis Quint’s Cousin pour les Pays-Bas, Juveniles pour la Suède, von den Bastian’s pour l’Allemagne, Saintes-Duchesse pour la Belgique. En France, ce sont les élevages de Norois, de Sandoway, de Srinagar et de l’Oseraie qui ont ouvert le bal, à partir de 1985.
D’autres programmes d’introduction ont également existé, avec moins d’impact dans les pedigrees que Shwechinthe. Comme souvent, l’un des programmes sort du lot et domine en manière de pérennité. Mais ces autres lignées continuent d’exister aujourd’hui à un niveau international, certes à des degrés divers. Elles furent bien sûr mélangées entre elles. Ces programmes comprennent la chatterie Majik (Australie), la chatterie Rakesha (Nouvelle-Zélande - elle démarrera également un programme pour le cinnamon dans les années 2000), et la chatterie Shameen, toujours en Nouvelle-Zélande, avec la collaboration de Theritz (Australie). Tous les trois ont débuté autour de 1986.
Comme pour le programme de Mrs Brigliadori, le Persan colorpoint fait partie des sujets introducteurs, de même que le Siamois, excepté qu’il s’agissait de la variété à poil long, nommée Balinais. Ces programmes s’épargnaient ainsi l’une des difficultés que comportait le premier. Il est, malheureusement, plus difficile d’obtenir des informations sur ces programmes que sur celui de Shwechinthe. Voici cependant les données qui sont à notre disposition pour le moment.
L’affixe australien Majik a été créé en 1986, partagé par trois éleveuses et établi spécifiquement pour leur programme d’élevage commun. Il s’agissait de Liz Robinson (Sarika - elle combinera ensuite les deux affixes pour conserver Sarikamajik), Julie Simpson (Xamela, anciennement Kamela) et Narelle Sharley. Pandora Kudos, un Persan chocolat point dont elles avaient obtenu des saillies extérieures, est à la base de ce programme. Il semble être leur seul chat d’introduction. Là encore, des défauts de gantage et de couleur d’yeux se sont manifestés.
Souhaitant à la fois améliorer la qualité de leurs chats et procéder à une ouverture de sang suite aux mariages consanguins entre descendants de Kudos, et ne voulant pas se lancer dans un nouveau croisement, Julie Simpson importa alors Shwechinthe Chindwin, un mâle lilac point de septième génération né en 1988. La lignée de Kudos est restée moins répandue que celles de Mrs Brigliadori, mais se retrouve tout de même assez régulièrement dans nos fonds de pedigree, ou en tout cas apparemment davantage que les programmes que nous allons évoquer.
La chatterie Shameen a en revanche utilisé deux persannes introductrices, autour de 1987 : Farenette Choc Kiss, chocolat point, d’ailleurs une petite-fille de Manakini (mais non issue d’un programme Shwechinthe : Manakini a continué à reproduire au sein du pool génétique du Persan), et Tangaratta Himi Masako, lilac point. Ce programme a été travaillé avec une consanguinité de base plus élevée que les deux précédents, puisque comprenant des mariages mère x fils et frère x soeur. Une ouverture sera finalement faite par Namrib Tanamera, mâle lilac point né en 1990, issu de lignées Shwechinthe.
Quant au programme de Rakesha, cette fois, deux Balinais sont à remercier : Souffle Nimbus, mâle lilac point, et Souffle Krunchy Kuskit, femelle chocolat point. Utiliser ces deux chats n’apportaient cependant pas vraiment des génétiques d’introduction différentes l’une de l’autre, puisqu’ils avaient la même mère. Il aurait été préférable de s’appuyer sur deux chats non apparentés entre eux afin d’augmenter la diversité génétique de base, notamment en prévision des mariages consanguins à venir pour conserver la mutation.
Il existe probablement d’autres programmes moins connus… Difficile de tout citer ! On pourrait notamment évoquer celui de l’élevage Meghadoeta (Royaume-Uni ?), initié en 1986 à partir de Vandarid Valhalla, Persan chocolat. Petit problème : cette lignée ne semble avoir eu qu’une continuité très limitée, voire peut s’être éteinte ! D’autres cas de figure semblables peuvent avoir existé.
Cet article ne serait pas tout à fait complet sans relever une petite curiosité des années 60. Nous avons précédemment évoqué l’absence de la couleur chocolat dans la génétique des lignées de fondation. Mais, officiellement,
il existe une exception. Dès le milieu des années 60, la chatterie américaine Griswold’s aurait obtenu des chatons chocolat et lilac, avec des lignées tout à fait classiques importées de France et de Grande-Bretagne (elles-mêmes issues de
chats français), à haute consanguinité, et répandues. Ce serait le seul cas connu. Le célèbre Korrigan of Clover Creek (né Korrigan de la Regnardière) fait partie des reproducteurs qui auraient produit des chatons chocolat, avec plusieurs femelles. Étant donné le contexte, il est probable qu’il s’agisse d’erreurs d’identification de couleurs.
Le chocolat et le lilac sont désormais des couleurs très communes chez le Sacré de Birmanie, et il n’est pas difficile de trouver de beaux chats dans ces teintes. Un chocolat d’un ton chaud et un lilac bien rosé sont recherchés. C’est maintenant au tour du cinnamon et du fawn de se développer de cette façon, avec l’avantage de pouvoir cette fois-ci s’aider de tests ADN et d’échanges internationaux facilités !
Paloma C.
Toute reproduction interdite


Infinity du Bout de Bonheur, femelle chocolat point appartenant à Karine Le Barh
Jaïlyne de l'Aventura, femelle lilac point appartenant à Claudette Vannarien

Dear Dominic - Mingchiu Manakini - Mingchiu Idhunn






Viemora Vintage, mâle lilac point de 4e génération (1984)
Shwechinthe Kybo, mâle chocolat point de 5e génération (1987)
Adhuilo Jessika, femelle lilac point de 6e génération (1990) - L'une des premières lilac à fréquenter la classe championnat
Shwechinthe Zunetra mâle chocolat point de 7e génération (1993) - premier chocolat Grand champion

Pandora Kudos

