top of page

Standard, génétique et reproduction

À quoi sert un standard de race ?

 Les standards  ont vocation à fixer par écrit les caractéristiques des races félines. Leur fonction première a été de guider et d'harmoniser les pratiques des éleveurs, en mettant à leur disposition une feuille de route détaillant les caractéristiques morphologiques de chaque race. Ces documents jouent un rôle essentiel dans la stabilisation et la conservation des caractéristiques du Sacré de Birmanie, parmi lesquelles la forme de la tête, la couleur et la forme des yeux, les courbes du profil, la taille et le placement des oreilles, le gabarit et la qualité de fourrure. Chacun de ces éléments contribue à l'allure générale du Sacré de Birmanie. Au standard spécifique à chaque race s'ajoute une liste de fautes générales rédhibitoires en exposition et/ou en reproduction commune à l'ensemble des races. 

 En France, le LOOF est chargé de la rédaction et de l'application des standards. Quelques divergences mineures sont possibles d'une fédération à l'autre, et il en va de même pour la dynamique de sélection de différents pays. 

 Un standard est susceptible de faire l'objet de révisions, s'il est jugé nécessaire d'effectuer une précision de vocabulaire, d'appliquer une tolérance ou au contraire une pénalité. Le standard écrit du Sacré de Birmanie est, en ce qui le concerne, aujourd'hui majoritairement fixé, et ne peut faire l'objet que d'ajustements mineurs.

Comment le suivre en élevage ?

 Évaluer un reproducteur potentiel implique de le confronter au standard afin de dresser un bilan de ses atouts et de ses manques. Il faut cependant savoir que la seule présence d'un défaut considéré comme rédhibitoire suffit à écarter un prétendant du circuit, quelle que soit sa qualité générale. Deux catégories de défauts rédhibitoires sont à considérer : les fautes relevant purement du standard propre au Sacré de Birmanie, les fautes et anomalies touchant à ce que nous appellerons la superstructure de l'animal.

 Une tête trop "siamoisée" ou au contraire trop "persanée", un profil trop plat, toute tache blanche autre que les gants, une dépigmentation irréversible du cuir de la truffe, un un gabarit bien trop faible sont à ranger parmi les fautes esthétiques rédhibitoires. Les anomalies éliminatoires générales comprennent le strabisme, tout défaut de mâchoire ou de squelette (noeuds à la queue, prognathisme), le nanisme... Ainsi que toute autre anomalie ou pathologie dont on ne peut être absolument certain de l'origine non génétique. La santé et le confort de vie de l'animal prime en effet sur toute considération esthétique.

 Dans l'ensemble, si le type (forme de tête, profil) et le gabarit constituent des critères prioritaires dans une démarche de sélection, aucun des points du standard n'est véritablement à négliger. Il serait cependant utopique d'imaginer pouvoir systématiquement obtenir des sujets parfaitement conformes au standard du Sacré de Birmanie, aussi cette sélection devrait-elle rester réaliste.

 Il s'agit de se faire une juste idée du potentiel génétique des sujets destinés à l'élevage, notamment par une analyse approfondie de leur pedigree. Cette analyse ne saurait cependant conférer à un éleveur une maîtrise totale du capital génétique de ses chats, tant le mode de transmission des caractéristiques recherchées demeure complexe. C'est d'autant plus vrai que deux génétiques a priori qualitatives sont toujours à même de ne pas s'avérer aussi complémentaires qu'escompté et de produire un résultat que l'on peut qualifier de décevant - tout comme il est possible d'être agréablement surpris. Il n'en est pas moins que chaque accouplement devrait être décidé sur la base d'une certaine complémentarité supposée afin de défavoriser la persistance de manques. Il est de fait préférable de choisir un partenaire chez lequel les caractéristiques à renforcer semblent mieux fixées. Il serait par exemple, risqué de marier un chat de petit gabarit à un chat qui a un bon gabarit en soi, mais a eu tendance à produire de faibles gabarits.

 En dehors des défauts éliminatoires que nous avons déjà évoqués, l'évaluation d'un reproducteur doit finalement rester un processus individualisé, dans le sens où qualités et manques doivent être analysés au regard d'un contexte d'élevage et d'un potentiel propre à chaque chat. La tolérance que l'on peut avoir vis-à-vis d'un défaut de standard dépend de la difficulté généralement observée quant à sa correction mais aussi des priorités et objectifs personnels d'un éleveur, de ce que ses autres reproducteurs peuvent lui apporter. Par exemple, on pardonnera plus facilement quelques manques à un chat issus de lignées jusqu'ici très bien typées, a fortiori si l'on dispose d'un fiancé apte à faire ressurgir ces qualités.

 Évaluer un futur reproducteur est une compétence qui n'a de cesse de se développer au long de la carrière d'un éleveur. Il pourra vous arriver de vous tromper, de surestimer un chat... ou de le sous-estimer. Les expositions, les réseaux sociaux et autres forums de discussion vous permettront d'observer un bon nombre de chats d'horizons divers et d'aiguiser ainsi votre sens de l'observation.

 

Récapitulatif des principales fautes rédhibitoires pour la reproduction

- Toute anomalie morphologique ne correspondant pas à la superstructure de l'espèce féline : strabisme, anomalies diverses du squelette telles qu'un noeud à la queue, monochirdie ou cryptochirdie...

- Toute tache blanche autre que les gants, dont goutte de lait sur le visage ou pompom au bout de la queue

- Dépigmentation permanente du cuir de la truffe, dépigmentation importante et permanente des points

- Poids de forme inférieur à +- 3 kg pour les femelles, inférieur à +- 4.5kg pour les mâles

- Manque général de type : tête trop longue et/ou trop fine, profil trop plat, ou, inversement, trop "persané"

- Remontée importante du blanc des gants

 Les chats issus de programmes d'introduction de couleur ou d'outcross récents, dans le cadre de plans d'élevage réfléchis, font l'objet d'une tolérance particulière, à la hauteur de la rigueur nécessaire au recouvrement des caractéristiques du Sacré de Birmanie au fil des générations.​

La sélection du gantage

 Les gants blancs du Sacré de Birmanie font partie de ses principaux signes distinctifs. Pour autant, certains défauts de gantage fermant la porte des expositions ne sont pas systématiquement rédhibitoires en reproduction. Les éleveurs s’accordent en effet sur le fait que le type doit avoir la priorité par rapport aux gants. En cause, leur sélection ardue du fait d'un mode de transmission si complexe que nombre d'éleveurs estiment encore que la quantité de blanc est aléatoire. Aujourd'hui, nous pouvons dire que le gantage est lié à un écosystème formé par un gène majeur, qui fait office d'interrupteur (ganté vs non ganté) et à de probables polygènes qui, eux, influeront la quantité de blanc visible.

 Le support génétique des gants a fait débat. Les principales hypothèses penchaient en faveur d’un allèle récessif ou incomplètement dominant de ce qu'on appelait alors gène S, ou d’un autre gène indépendant. En 2010, les recherches du Dr Leslie Lyons du laboratoire UC Davis livrèrent enfin une réponse partielle. Il fut déterminé que le gantage correspondait à un allèle récessif (gl) appartenant à un gène majeur nommé KIT. En 2014, la recherche précisa définitivement la chose. Les allèles autrefois attribués à un hypothétique gène S, c'est-à-dire le blanc uni dominant (W),  la panachure blanche (WS) et l'uni (ws) appartiennent, eux aussi, au gène KIT. Le gantage n'est autre que l'allèle le plus récessif de la série. Les premiers éléments de réponse remontant à 2010 avaient cependant suffi aux éleveurs de Sacré de Birmanie pour y voir plus clair : premièrement, il s'agissait bien d'une mutation spécifique. Deuxièmement, l'allèle étant récessif, tous les Sacrés de Birmanie non hybrides en possèdent deux copies, et un hybride issu d'un Sacré de Birmanie en est de ce fait porteur.

 La mutation a, à faible fréquence, été détectée chez d’autres races comme l’Exotic Shorthair, le Maine Coon, le Manx, le Seychellois, le Siamois, le Sibérien, le Sphynx, le Turc de Van, et le Ragdoll. Pour ce dernier, en dépit de ces quelques détections, le motif mitted est cependant bien lié à l’expression du gène S et se transmet ainsi sur le mode dominant, contrairement au gantage du Birman. Enfin, outre le type de tête, les critères et possibilités quant à la répartition du blanc diffèrent entre ces deux races que le grand public non averti a parfois du mal à distinguer.  Chez le Sacré de Birmanie, la présence d’une tache blanche sur le dessus du nez, sur le menton (« goutte de lait ») ou au bout de la queue (« pompom ») est rédhibitoire aussi bien en reproduction qu’en exposition. Les chats exprimant ce type de défauts ne devraient donc pas reproduire. En dépit de la sélection faite par la plupart des éleveurs, ces défauts apparaissent encore de temps en temps à l’heure actuelle, y compris suite au mariage entre deux chats ne présentant aucun de ces défauts eux-mêmes ou dans leur généalogie proche. Une fois introduites par un sujet les exprimant, les gouttes de lait et autres pompoms peuvent ensuite devenir très envahissants.

 La détection de la mutation gl au sein d'une population de Siamois n'étonnera pas les habitués de l'histoire du Sacré de Birmanie, qui a, après tout, commencé avec des Siamois hybrides gantés de blanc, tandis que les éleveurs de Siamois traditionnels ont eu leur lot de déboires avec des taches blanches pour eux indésirables. L'allèle gl est vraisemblablement un héritage du Siamois ancestral, qui sera ensuite sélectionné par la main de l'homme pour devenir le signe distinctif du Sacré de Birmanie.

 Gardons en mémoire que l'allèle gloves n'est qu'un simple interrupteur. Il ne fait que déterminer si le chat est ganté ou non ganté. La part d'ombre qui subsiste quant aux mécanismes qui déterminent les dimensions exactes de ce gantage alimente encore les débats au sein de la communauté des éleveurs de Sacrés de Birmanie. Pour les uns, ce blanc est intrinsèquement incontrôlable, puisque tout à fait aléatoire. D'autres soutiennent que, bien qu'il ne soit que partiellement contrôlable, il existerait bien une base héréditaire. La seconde théorie est appuyée, par exemple, par le fait que les remontées et autres gantages trop hauts aient tendance à ressurgir lors d'un accouplement entre lignées présentant des antécédents. Il est d'ailleurs plus aisé de corriger un gantage trop court qu'un gantage haut, ou une importante remontée. Pour peu que l'on dispose de suffisamment d'informations sur nos lignées, il serait donc possible d'évaluer partiellement les risques de produire des chatons présentant une quantité importante de blanc. Marier un chat à gant haut à un partenaire ayant déjà produit des gantages semblables, ou encore un mariage entre sujets dont des parents proches en ont eux-mêmes produit augmenterait considérablement les risques. Les taches blanches indésirables suivent une logique similaire.

 Un consensus demeure : un excellent gantage ne suffit pas à faire un chat d’excellente qualité. L'on peut passer sur un petit défaut de gantage (gantage un peu court, avec un ou deux doigt(s) non ganté(s), légèrement haut, ou avec une remontée de blanc) si l’ensemble général est de qualité suffisante. Cette tolérance doit également rester dans la mesure du raisonnable : pas de « chaussettes » ou « bottes ». 

 Le Sacré de Birmanie est réputé exigeant à élever du point de vue de son standard. Il semble parfaitement mériter cette réputation...

 

 

 

bottom of page